Captain Marvel

Pas question ici d’araignée radioactive ni d’expérimentation scientifique qui dérape. 'Captain Marvel' renonce à la traditionnelle approche de l’histoire originelle et nous propose l’ancienne pilote de la force aérienne américaine Carol Danvers et ses superpouvoirs. On apprend que dans des circonstances quelque peu mystérieuses, elle a échangé sa vie sur Terre contre une mission dans la Starforce. Il s’agit d’une unité d’élite militaire de la civilisation avancée extraterrestre Kree.

Son mentor et commandant Yon-Rogg l’entraîne à devenir une guerrière dévouée et appréciée dans la guerre contre les Skrulls. Lorsque l’une de ses expéditions contre ces Skrulls prend mauvaise tournure, Carol revient sur Terre. Avec plusieurs questions préoccupantes et les Skrulls sur les talons. Son arrivée l’a également mise sur le radar d’un certain Nicolas Fury, agent tout aussi téméraire d’une secrète organisation d’état.

L’ancienne pilote et Fury se voient rapidement contraints d’unir leurs forces contre les Skrulls. Les célèbres méchants de l’univers Marvel, dangereux en raison de leur pouvoir à changer de forme et plus dangereux encore maintenant que leur chef Talos semble parti pour envahir la Terre. À ce stade, environ un quart d’heure après le début de l’histoire, un habitué des films de super héros pourrait grossièrement déterminer les grandes lignes de l’intrigue. Mais il lui faudra revoir son jugement.

À moins de bien connaître les premières lignes de récit de cette série culte, ce 'Captain Marvel' promet de vous dérouter totalement et à plusieurs reprises. Mais ne vous attendez pas à trouver ici d’autres indices. Non pas qu’il s’agisse d’un film à suspense, mais mieux vaut le découvrir par vous-même. Ce que vous ferez d’ailleurs avec l’héroïne en titre, Carol Danvers, qui doit ici tracer péniblement sa route à travers de nombreux événements-chocs.

Sachez en tout cas qu’on y voit ce qu’ils appellent le « Tesseract », un artefact ultrapuissant et mythique de l’univers Marvel. Si vous l’ignorez encore, vous apprendrez aussi dans ce film d’où vient le nom Marvel. Autre détail à connaître, moins héroïque, mais selon nous d’autant plus amusant et intéressant : on vous révèlera dans Captain Marvel comment Nick Fury en est arrivé à porter un bandeau. Car au début de ce film il regarde encore de ses deux yeux.

Le film se déroule en 1995. Ce qui signifie que ce 21^e film dans l’univers cinématique Marvel se déroule après les événements de 'Ant-Mant', mais avant ceux de Iron Man. Ce vibe des années 90 apporte une touche low-tech rafraîchissante du moins pour les technologies « terriennes ». Par exemple, Carol Danvers arrive dans un magasin d’une célèbre chaîne de location de vidéos avec, en fond musical sortant des haut-parleurs ou dans la bande-son, des tubes reconnaissables des années 90.

C’est un film de super-héros, pas un film de super-héroïne. Les femmes fortes constituent immanquablement un thème marquant dans ce film, qui ne prend pourtant jamais des allures de pamphlet péniblement transformé en film d’action. L’une de ces femmes fortes, dans son rôle, mais également indépendamment de celui-ci, est certainement la phénoménale Brie Larson qui interprète Carol « Captain Marvel » Danvers. On connaissait sa profondeur émotionnelle depuis 'Room', mais elle s’est révélée totalement à l’aise, avec 'Kong : Skull Island', dans des blockbusters à grand spectacle.

L’approche consistant à placer le film chronologiquement sur la ligne du temps qui précède le préambule à 'Avengers - Endgame', donne à ce personnage la marge nécessaire pour graver son empreinte dans cet univers. C’est bien mieux que de simplement l’ajouter au mix déjà bien garni. Elle en retire ainsi une solide connexion avec le cœur du mythe Marvel. Captain Marvel peut porter tout un film sans difficulté, et n’a besoin d’aucune communication verbale des Tony Stark ou déesses vikings blondes.

En fin de partie, 'Captain Marvel' est une acquisition puissante pour l’univers cinématographique de Marvel, et ce n’est pas pour rien qu’il est, à une exception près, le film le plus réussi de l’année. On peut remercier l’équipe qui a osé rétrograder l’habituel sprint vers le finish, pour accorder ainsi à l’histoire et aux personnages toute l’attention qu’ils méritent. Le tout dans un « package global » parfait mêlant action spectaculaire et humour calibré dont on peut profiter totalement indépendamment des autres Marvel.