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Revue : Elbow – Giants of All Sizes

11 octobre 2019

Encore une fois, les rockeurs et chanteurs d’Elbow ont réussi à créer la musique qu’ils voulaient sur ce huitième album. Le résultat est un peu plus rythmé et offre un plus grand espoir qu’à l’accoutumée, mais cet ADN magique d’Elbow se ressent dans chaque note… et chaque silence.

Elbow pour les nuls

Ils sont dans le métier depuis deux décennies. Ils ont reçu tous les prix possibles. Ils se sont produits à Glastonbury. Ils ont joué lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Londres. Peter Gabriel, Michael Stipe et John Cale sont les artistes dont ils se sont inspirés, et qui sont leurs plus grands fans. Ils comptent sept albums studio à leur actif, ayant tous été salués, et avec ce huitième disque, ils poursuivent leur série complètement folle. Elbow n’a jamais suivi le mouvement, tandis que le mouvement a souvent voulu les croiser lors de leur carrière. Borné, brutal, franc, attrayant, étrange, magnifique, fragile et puissant. Ce groupe qui laisse sa musique s’exprimer et son talent n’a pas son pareil. C’est ça, Elbow !

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Le ton est donné

‘Giants Of All Sizes’, le huitième album studio du groupe de rock alternatif et la suite de ‘Little Fictions’ sorti en 2017, a été précédé par le single ‘Dexter & Sinister’. C’est le morceau d’ouverture de l’album qui donne le ton de celui-ci. Une ambiance pesante et peu rassurante et une superposition de guitares retentissantes avec des éléments orchestraux dans la première moitié de la chanson laissent ensuite la place à un groove plus lunatique. Un morceau improvisé et vivant qui s’est construit lors d’une session live où le groupe a tout mis en œuvre pour que la chanson se crée toute seule.

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Oubliez la nostalgie

Le chanteur Guy Garvey se rend compte que ce single, avec sa structure imprévisible et ses sept minutes, n’est pas adapté à la radio, mais il dit qu’il est long, car il devait en être ainsi. Il ajoute que cette chanson “était la première que vous entendez de l’album et nous en sommes très fiers, c’est pour cela que nous l’avons sortie avant”. Typique Elbow. Ou plutôt typique venant d’un groupe comme Elbow aujourd’hui. Le groupe possède son propre son inimitable, mais au niveau du texte, Garvey & co ne sont pas nostalgiques. Les paroles de premier single reflètent ainsi le sentiment du chanteur que lui inspire le Brexit, la perte d’amis et de membres de la famille, et le sentiment général d’insatisfaction dans ces temps difficiles.

Dans le même temps, Garvey considère tout l’album comme une vieille complainte en colère qui trouve son salut dans la famille, les amis, son groupe et une nouvelle vie. Le texte pour la presse le décrit comme “un album qui, lyriquement parlant, combat sans gants les moments de profond égarement et les spectres de l’injustice et de la division, non seulement au Royaume-Uni, mais également dans le monde entier. Il s’agit d’un album qui reflète notre époque.”

Place au rock !

Avec des éléments aussi sombres, même avec cette promesse de salut, ‘Giants Of All Size’ est en quelque sorte devenu l’un des albums d’Elbow les plus détendus depuis longtemps. Selon les membres, cela est dû en partie au fait qu’ils ont ici chacun travaillé individuellement sur leur démo. Cela n’a pas enlevé le côté acerbe dans la recherche de compromis. En outre, de nombreuses chansons ont été créées en jouant simplement ensemble dans le studio et en expérimentant les instruments du studio allemand Clouds Hill Studio. Un cadre qui, selon Garvey, a eu un véritable impact. “Tout ce que nous voulions faire, c’était de jouer avec tout ce matériel vintage. Cela nous a permis de retrouver quelque peu notre rock d’origine. Ah, plus qu’un peu, la moitié de l’album est du rock !”

Éhonté et incomparable

Cela donne un album très dynamique, “éhonté au niveau du son”, pour reprendre les mots de Garvey. En témoigne le dernier morceau, ‘Weightless’, avec ses mélodies délicates et ses harmonies émouvantes. Un son dans lequel résonnent clairement les échos de leur travail passé et qui, dans le même temps, explore de nouveaux horizons. Le titre ‘White Noise White Heat’ est une machine metal-­soul accompagnée d’une voix qui transpire la rage pure. ‘Doldrums’ mélange, selon les connaisseurs, John Carpenter et The Plastic Ono Band pour un cocktail brillant et troublant.

‘On Deronda Road’, d’autre part, mêle de grosses lignes de basse et des éléments électroniques à une voix spontanée. Notre morceau préféré, ‘Empires’, intègre l’abandon à l’obscurité via une mélodie trompeuse. Pour ‘The Delayed 3:15’, nous citons un connaisseur en la matière, car nous ne pouvions pas mieux le dire : “Un mariage de guitares mariachi et de dynamiques jazz, de Ennio Morricone et de Buddy Rich”. Prenez-le comme vous voulez. ‘My Trouble’ est clairement l’enfant chéri de ces enregistrements à Hambourg. Un synthé analogique sur le rythme d’une vieille horloge avec une mélodie qui se transforme peu à peu en un monument de puissance fragile caractéristique qui fait qu’Elbow est un groupe incomparable.

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C’est long, deux ans

Le huitième et dernier album d’Elbow n’a que deux ans, mais beaucoup de choses ont changé. Dans le monde et pour le groupe. Garvey, le chanteur-compositeur, a commencé à enseigner à la Metropolitan University de Manchester. Il a adoré travailler avec de jeunes compositeurs et cette influence se ressent dans le nouvel album. “Je n’ai jamais eu de conversation avec un autre compositeur qui n’ait pas enrichi mon propre travail.”

À propos de la façon dont le groupe a changé, Garvey a déclaré : “Nous sommes à l’âge où des choses arrivent dans votre vie que de nombreuses personnes rencontrent à la quarantaine. Pendant que nous écrivions l’album, nous avons perdu des amis et de la famille.” Mais il insiste également sur le fait qu’il y a aussi énormément d’éléments positifs. “Plein de joie et d’énergie.”. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, cet aspect positif et énergique ne se retrouve pas seulement dans les chansons où Elbow explore de nouveaux horizons ou revient à ses racines rock des premiers jours.

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Elbow loves Belgium

Guy Garvey & co ont toujours entretenu un lien particulier avec la Belgique. Avec comme point d’orgue leur concert à Rock Werchter en 2011, où leur version live de ‘Lippy Kids’ a créé un moment magique que le groupe a ensuite sorti en single.

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