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Revue ‘Soul’ : une question d’âme, et de coeur

09 avril 2021

Dans 'Soul', un musicien de jazz new-yorkais se retrouve accidentellement au cœur du lieu où l’on prépare les âmes à la vie. Il doit convaincre une âme réticente que la vie vaut la peine… Mais le sait-il vraiment ? Du Pixar dans ce qu’il a de meilleur.

Gagner sa croûte

Joe Gardner est professeur de musique. Sa passion, c’est le jazz et il est bon. D’aussi loin qu’il se souvienne, son rêve a toujours été d’être musicien professionnel. Malheureusement, il a manqué de chance. Il joue dès qu’il le peut, mais son emploi de prof est indispensable pour joindre les deux bouts. Un travail qu’il a toujours considéré comme temporaire. Lorsque nous rencontrons Joe, il est confronté à un choix qu’il espérait pouvoir repousser encore.

Est-ce possible ?

Joe reçoit en effet une proposition de poste d’enseignant full time. Une opportunité que beaucoup aurait saisie immédiatement. Pou Joe, c’est plutôt une condamnation à mort. Pour le dire avec ses mots : « je vais toucher une pension, mais je vais mourir sans avoir atteint le but de ma vie ». Un réflexe artistique typique qui dit que si vous ne faites pas ce que vous avez souhaité toute votre vie, cette vie ne vaut rien. Mais finalement, il a la chance attendue depuis longtemps : se produire au célèbre Half Note Club en première partie d’un grand nom. Est-ce possible ?

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Stupide accident

Malheureusement, un accident sépare l’âme de Joe de son corps et le pousse vers l’escalier de l’au-delà. Cela dépasse l’obstination de l’âme de Joe. Il se débat, revient, mais, au lieu de New York, il se retrouve au cœur du You Seminar, un lieu où les âmes sont préparées et formées avant d’entrer et de s’immiscer dans un nouveau-né et commencer leur vie. C’est là que les âmes acquièrent leur personnalité, leurs goûts, leurs dégoûts, mais aussi leurs intérêts et autres traits de caractère.

Après Mandela...

Joe n’y trouve pas sa place. Tout ce qu’il veut, c’est retrouver sa vie et ce concert qui pourrait la changer. C’est là qu’il rencontre 22, une âme difficile, sceptique sur le fait d’être un humain sur Terre. Dans ce cas, l’âme se voit attribuer un mentor, mais même Nelson Mandela, Aretha Franklin, Marie Curie et Jeanne d’Arc se sont cassé les dents sur 22. Mohamed Ali l’a surnommée la plus grande nuisance de tous les temps et Mère Teresa lui a dit avoir de la compassion pour tout le monde sauf pour elle.

En quête de l’étincelle

Une tournure imprévue des événements fait de Joe le nouveau mentor de 22. Il suppose que s’il peut avoir une idée, il aura une chance de retourner dans le monde d’avant. Joe est convaincu que tout ce dont a besoin 22 est de trouver son étincelle, la chose qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Pour Joe, c’est aussi évident que son amour du jazz. Mais, alors qu’il tente de persuader 22 avec un désespoir croissant, Joe se heurte à des questions qu’il ne s’était jamais posées sur sa propre vie. Et il n’est pas sûr d’apprécier certaines des réponses.

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Entre cœur et raison

Qu’est-ce qui donne un sens à votre vie ? Les relations avec les autres ? Le fait de vivre le moment ? Les choses ont-elles réellement un sens ? Soul pose des questions difficiles pour un film d’animation, voire plus que ce que nous avait habitué Pixar par le passé. Il le fait aussi d’une manière éprouvée, sans forcer, mais qui permet de faire s’opposer le cœur et la tête. Si vous voulez connaître la réponse de Soul à ces questions importantes, il vous faudra voir le film par vous-même.

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Jazz vs Nine Inch Nails

Soul se déroule à la fois dans un New York jazzy trépidant et dans un monde abstrait et imaginaire, celui de l’avant. Autant dire que le choc est aprfois interpellant. Une métropole et une dimension cosmique. Deux univers contrastés que ces virtuoses de l’animation transforment en images et en sons, pour notre plus grand plaisir de spectateurs. Le style combine la satire britannique et les films Disney des années ’60 comme ‘Les 101 Dalmatiens’. La bande-son fait appel à une combinaison tout aussi géniale entre le nominé aux Emmy, Jon Batiste, et les pas moins talentueux Trent Reznor et Atticus Ross de ‘Nine Inch Nails’. Une approche inhabituelle, mais audacieuse, même pour Pixar qui ne manque pas une occasion de nous surprendre. Le résultat est en tout cas phénoménal.

110% Pixar

En fin de compte, Soul est puissant sur tous les fronts. Et tout comme nous avions des doutes sur Toy Story 4 il y a un an et demi, on peut affirmer qu’Holly­wood a de la chance d’avoir une catégorie ‘Animations’ aux Oscars. Soul a déjà remporté le Golden Globe du meilleur film d’animation et de la meilleure bande-son originale. Même si vous n’avez pas d’affinités avec le jazz, l’au-delà ou le sacré, Soul est un must pour qui a des oreilles, des yeux et un cœur qui bat. 110% Pixar !

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