Revue Zack Snyder’s Justice League : L’union fait…

Deux ans après qu’il se soit sacrifié pour l’humanité, le monde fait toujours le deuil de Superman, le super héros par excellence devenu martyr. Tout comme Bruce ‘Batman’ Wayne. Lorsqu’il est confronté à une nouvelle menace apocalyptique, il appelle son alliée, Diana ‘Wonder Woman’ Price à l’aide. Ensemble, ils recrutent Aquaman, Cyborg et The Flash. Mais, même ce groupe de super-héros improbable, mieux connu sous le nom de ‘Justice League’, pourrait ne pas suffire pour sauver notre planète d’un certain Steppenwolf et de ses démons.

Ça, c’est Justice League en bref. Un film qui naît sur papier en 2017 et qui a tout ce qu’il faut pour devenir l’un des grands films de super-héros et, à tout le moins, pour se confronter à Avengers : Infinity War. Malheureusement, les choses ne se déroulent pas réellement comme on aurait pu le prévoir. Le fait qu’un film sur la Justice League ait été repoussé pendant dix ans n’a pas aidé. Et que le scénario ait été réécrit à plusieurs reprises pendant le tournage en dit long. à l’époque, Zack Snyder se retire du projet en raison d’une tragédie familiale intervenue durant le montage. Ce fut la goutte d’eau qui fît déborder le vase.

Justice League n’était pas un mauvais film en soi, mais c’est la déception de ne pas le voir devenir un film d’exception qui le tuera une fois projeté en salle. Le résultat final n’avait rien à voir avec la vision de Snyder pour Justice League. Le réalisateur a en effet prouvé à plusieurs reprises qu’il sait comment filmer une bande dessinée avec des films comme ‘300’, ‘Watchmen’, ‘Man of Steel’ ou encore ‘Batman vs Superman’. Plus difficile encore : comment capter un large public sans décevoir les inconditionnels et autres connaisseurs.

Les films reçoivent rarement une seconde chance et, si c’est le cas, ils doivent l’attendre longtemps. L’exemple le plus connu est Blade Runner. En 1992, dix ans après sa sortie originale, le film a droit à un Director’s Cut, mais il faudra attendre dix ans de plus pour obtenir la version ‘Final Cut’ telle que Ridley Scott, le réalisateur, l’avait imaginé. Exceptionnel donc de voir Zack Snyder’s Justice League sortir trois ans seulement après l’original. Le studio a sans doute imaginé devoir mettre les choses au clair en vue des prochains films centrés sur ces super-héros, succombant ainsi à l’insistance des fans et des acteurs eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, les amateurs du genre sont reconnaissants.

Concernant l’histoire, la version de Zack Snyder n’est pas très différente de l’originale. On a pourtant l’impression de voir un autre film, une autre approche d’un même récit. Les personnages, sans envergure voire, caricaturaux ont maintenant de la profondeur et du caractère. Les scènes d’action éclatantes qui, alors, s’enchaînaient sans logique, sont désormais les plus impressionnantes et spectaculaires du genre. Et si la quantité n’est pas synonyme de qualité, sachez que Zack Snyder’s Justice League dure 242 minutes. C’est à peu près le double de son prédécesseur. Certes, un rien trop long pour être projeté au cinéma, mais parfait pour chez vous.

Ces personnages mieux construits sont dus à la réintégration par Snyder de dizaines de scènes coupées. Cela ancre les personnages, en ce compris l’ennemi, dans un contexte plus crédible. Dans certains cas, vous avez un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un éventuel film centré sur ces ‘nouveaux’ personnages aux côtés de Batman, Wonder Woman et Aquaman. Nous savions, par ailleurs, que plusieurs projets autour de The Flash ont été bloqués, mais, désormais, ce film est en production. Tout aussi fascinant est le fait que la version de Zack Snyder se termine sur un teasing vers le prochain chapitre pour un (voire plus) des personnages de la Justice League.

Outre la richesse de l’univers et des personnages, cette version Zack Snyder contraste par son visuel. Une remarque à prendre, dans certains cas, au pied de la lettre. D’aucuns parlent même d’un film trop sombre. Snyder a toujours été un adepte des filtres où lumière et couleurs vives sont plus une faveur qu’un droit. C’est une approche artistique que tout le monde ne peut pas apprécier, mais elle offre un aspect cohérent qui correspond parfaitement à l’atmosphère.

Moins visuelle, mais non moins sombre, la version de Snyder est plus violente et n’hésite pas à le montrer. On voit plus de sang, mais on évite aussi l’humour permettant d’adoucir les choses. Une décision appropriée à nos yeux. L’histoire de Justice League parle d’un deuil et aborde des thèmes sérieux. La légèreté parfois forcée et les trop nombreuses répliques à effet comique nuisent à l’adhésion d’un public de connaisseurs. En bref, Justice League a eu la seconde chance qu’elle méritait et Snyder l’a saisie à pleines mains.