Il existe peu de groupes électroniques dont on aime aussi bien écouter la musique que danser dessus. The Chemical Brothers en sont l’exemple absolu, et avec leur dernier album studio, 'No Geography', ils le prouvent pour la neuvième fois consécutive. Leurs big beats sont aujourd’hui tout aussi pertinents qu’en 1995 !
Un petit quart de siècle de grands titres big beats
Le duo britannique de musique électronique The Chemical Brothers tient ses fans en haleine depuis six mois. Ou plutôt : il les a fait languir dans l’attente de son prochain album studio. Cet album, le neuvième, s’intitule ‘No Geography’ et sort précisément un an avant que le groupe ne souffle officiellement les bougies de son quart de siècle de créativité musicale et dansante.
Free Yourself
Notre impatience à découvrir ce nouvel opus est très certainement liée aux quatre singles qui l’ont précédé. Le premier est sorti fin septembre : ‘Free Yourself’. Un titre invitant à taper des pieds sur le dancefloor, qui semble enregistré au beau milieu d’une salle d’arcade bondée, où les haut-parleurs de tous les jeux vidéo et flippers hurlent pour attirer l’attention, pendant que se joue l’un ou l’autre duel au laser. Partisans et opposants étaient d’accord : il s’agissait d’une première impression canon.
MAH
‘MAH’ a suivi début janvier. Mad As Hell, ou ‘En furie'. Les paroles scandent « I’am mad as hell, I ain’t gonna take it no more », évoquant les meilleures raves-parties des années ‘90. Rythmées par des battements impitoyables et des boucles de basse hypnotiques. Faites confiance à The Chemical Brothers, grâce à la construction de leur titre, pour vous envoyer à deux reprises dans des directions inattendues.
Got to Keep On
Ce troisième single est sorti en février. Tandis que les deux premiers sont partis à la conquête des dancefloors, emportés par la fougue et les platines DJ, ‘Got to Keep On’ s’est imposé sur les ondes radio. Funky, joyeux, instantanément entêtant, même avec le passage de batterie électrique quelque part aux deux tiers de la chanson. Sans oublier le clip vidéo remarquable réalisé par deux frères amis : Michel et Olivier Gondry. Le premier est un créateur culte de vidéos musicales et réalisateur de ‘The Ethernal Sunshine of the Spotless Mind’. Olivier, quant à lui, a participé aux visuels de Daft Punk.
We’ve Got to Try
OK, après trois singles puissants, il était peut-être temps que le nouvel album arrive tout doucement. Mmm, presque. Car dernièrement, le groupe a sorti un quatrième single ‘We’ve Got to Try’. Un titre qui déborde d’acid house rageuse et de basses funky. Grâce au rôle de premier plan joué par le Roland TB-303 - les connaisseurs disent simplement ‘303’ - le synthétiseur de basse datant de 1981, produisant un son à la base des différents genres de musiques électroniques de danse comme l’acid house, la Chicago house et la techno.
De resetknop
Innovant ou pas, les « frères chimiques » Tom Rowlands et Ed Simons racontent avoir appuyé sur le bouton reset à un moment donné pendant les enregistrements de ‘No Geography’. Cela a commencé avec la construction d’un studio dans leur propre studio. Une petite pièce improvisée, où ils ont rassemblé ces instruments et hardware qui leur avaient servi à enregistrer leurs deux premiers albums. Du matériel qui avait pris la poussière pendant 20 ans dans le grenier de Tom.
‘No Geography’ zigzague avec confiance entre une fureur justifiée et un émerveillement enfantin. De l’acid house à mi-vitesse aux paysages de rêve et au son du même acabit, en passant par la jacking house. Jamais regarder en arrière n’avait été aussi pertinent, jamais le « rétro » n’avait eu une résonance aussi contemporaine. Jamais une compilation de chansons ne s’était prêtée à être lue comme une feuille de route direction l’avenir.
Testé et approuvé
Leurs idées ont été testées sur le public de leurs apparitions live en 2018 et constamment perfectionnées. Le résultat final paraît moins fignolé que libéré avec soulagement. ‘No Geography’ est résolument un album d’aujourd’hui, mais partage aussi suffisamment d’ADN avec leur magistral premier opus ‘Exit Planet Dust’ et le psychédélisme façon Alice au pays des merveilles de l’album Further (2010), au point de pouvoir parler de groupe solide et très spécial.
Le précédent album ‘Born in the Echoes’ de 2015 s’est appuyé sur l’habituel casting de musiciens externes. Pour cet album nominé aux Grammy Awards, ce furent, entre autres, Beck, Annie ‘St.Vincent’ Clark et Q-tip. Il en va tout autrement pour ‘No Geography’. Les seuls véritables invités vocaux sont la relativement méconnue auteur-compositeur-interprète norvégienne Aurora et le rappeur japonais Nene. Encore une décision têtue d’un un groupe pour lequel presque chaque grand artiste décrocherait son téléphone.
Le premier Grammy EDM
Les fans sont probablement déjà habitués à s’attendre à l’inattendu. Même si ceux de la première heure seront enchantés des big beats omniprésents, des vibes anguleuses et de la conviction que 2019 et 1995 ont au moins un point commun. ‘No Geography’ est un nouveau chapitre digne dans l’histoire du premier groupe à avoir remporté un Grammy pour sa musique électronique. Pour en rafler encore trois autres par la suite.