Il s'agit moins d'une musique de danse que d'un slow captivant qui vous transporte dans un univers parallèle et voluptueux, même par une grise soirée d'automne. 'The Shimmer' de Oscar and the Wolf, dont l'humeur mélodique oscille entre la mélancolie et l'extase.
Chaman
Selon Wikipédia, Oscar and the Wolf est ‘un groupe synthpop belge’. Un argument de plus pour ne pas coller à tout prix une étiquette aux groupes ou les classer dans un genre. Certains artistes ne peuvent tout simplement pas être mis dans une case et Max Colombie, le leader d’Oscar and the Wolf, en est un exemple typique. Quiconque a déjà vu l’homme en live ou regardé deux clips vidéo sait que, dans un monde sans musique, Colombie aurait sans doute eu une belle carrière de chaman ou de leader charismatique d’une communauté. Et c’est ce potentiel ‘raté’ qui donne à chaque performance et à chaque chanson ce son inimitable d’Oscar and the Wolf.
Et après le Moyen-Orient ?
Officiellement, le groupe existe depuis 2010 mais il a réellement percé en 2014 avec ‘Entity’. Plusieurs fois disque de platine, huit nominations aux Red Bull Elektropedia Awards et six nominations aux MIA. Un an plus tard, il y a cette reprise d’Amy Winehouse ‘Back To Black’ pour le film ‘Black’ et l’année suivante, en 2016, Oscar and the Wolf fait la clôture du Pukkelpop. ‘Infinity’ suit en 2017. Cet album est à nouveau disque de platine et, dans une démarche désormais typiquement atypique, le groupe conquiert les hit-parades en Turquie, Égypte, Israël et Iran. Un optimiste y verrait presque une voie vers la paix au Moyen-Orient.
Toujours en pleine évolution
Dernier opus : 'The Shimmer'. Entre les habituelles chansons qui font vibrer les pistes de danse et les slow jams inspirants, cet album opte principalement pour ces derniers. C’est un choix assez singulier qui ne ménage pas l’artiste. Colombie en est conscient. “Je suis très heureux de The Shimmer parce que je peux y entendre une version plus mature de moi-même. Je cherche toujours à grandir et je suis fier de m’être autorisé à ne pas me laisser guider par les attentes des autres”. Donc, pas de rabâchage et, cette fois, pas de musique clubby pop pour les dancefloors.
La réalité transformée
Colombie a également révélé que, pour lui, The Shimmer ressemble à la bande originale d’un blockbuster, “avec des pistes et des thèmes différents” et “toujours en mouvement”. Ce mouvement oscille ou plutôt traverse le large spectre des émotions mélodiques et passe régulièrement de l’extase exubérante à l’hyper mélancolie. Parfois d’une chanson à l’autre. Parfois dans une même chanson. Colombie a choisi le titre de l’album d’après le film de science-fiction ‘Annihilation’. C’est un phénomène qui transforme toute réalité et toute émotion. Colombie y voit une métaphore de l’amour.
Une musique scintillante
La première fois que vous écoutez The Shimmer, vous ressentez réellement son chatoiement, avec cette intensité qui change constamment. C’est d’ailleurs l’album le plus personnel de Max Colombie à ce jour. Le titre du premier single, James, fait référence au fils, un nouveau-né de son neveu décédé. “C’était juste logique”, a déclaré Max sur une station de radio néerlandaise. Il laisse toutefois à son petit-cousin le soin de décider comment il le prendra quand il sera plus grand : “S’il le déteste, ce n’est pas grave non plus. En tout cas, le ton était donné pour ce que nous pouvions attendre de The Shimmer.
Un amour d’été en rose
‘Oliver’ a suivi un peu plus tard cet été. Si un fan avait encore des doutes après ‘James’, ce deuxième single l’a aidé à s’en débarrasser. Vous n’avez pas besoin de la vidéo estivale, réalisée par Max Colombie lui-même, pour sentir le soleil sur votre peau. Une chanson sur un monde de rêve qui s’inspire de l’image idéale de la Riviera française. Un décor intemporel du milieu de l’été baigné de lumière rose, de hautes herbes, de champs de fleurs et d’étangs remplis de nénuphars. Souhaiter ne jamais changer et en même temps réaliser qu’un jour plus rien ne restera de tous ces moments parfaits.
Des moments magiques
The Shimmer distille ainsi l’essence de la vision musicale de Colombie, tant dans les chansons que dans le titre et l’artwork. L’album représente également une transformation dans son approche. Alors que ‘Entity’ a littéralement été enregistré dans une grange, les nombreuses couches sonores luxuriantes et dynamiques de The Shimmer ont été capturées aux studios ICP à Bruxelles. Décrit par les connaisseurs comme “l’un des meilleurs salons d’Europe, avec tout l’équipement vintage que vous pouvez désirer”. Les moments plus intimes ont ensuite été enregistrés au domicile de Colombie. “Parce que ces enregistrements magiques que nous faisons souvent juste après avoir écrit quelque chose de nouveau sont si difficiles à recréer plus tard”.
Du potentiel pour les festivals ?
Par ‘nous’, Colombie sous- entend le producteur Jeroen De Pessemier et le multi-instrumentaliste Ozan Bozdag. Ses deux frères d’armes musicaux qui étaient également à ses côtés sur ‘Infinity’ ; on pouvait déjà entendre Bozdag sur ‘Entity’. “Un trio magique”, dit Colombie. “Chacun peut être lui-même et suivre sa propre voie”. Sur The Shimmer, cependant, cette approche donne des résultats très organiques et harmonieux. Et bien que la plupart des chansons soient des slow jams voluptueux et/ou mélancoliques, une poignée d’entre elles ont un beau potentiel de remixage pour les festivals.